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  • 21 mars 2021
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 mars 2021

23-20. Malgré le revers du XV de France face à l’Angleterre, il m'a semblé que cette période du Tournoi des Six Nations était propice à un éclairage sur les liens qui unissent vin et rugby, deux mondes qui se ressemblent.

Stade de France - Tournoi des Six Nations

Le retour « aux fondamentaux »


Pour citer Jean-Pierre Rives « Le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copains autour et quand il n'y a plus de ballon, il reste les copains ». Le vin c’est la même histoire.


La grêle qui peut s’abattre sur la récolte comme la cabane tombée sur le chien. Le temps des vendanges décalées entre l’hémisphère Sud et l’hémisphère Nord. Le retour aux fondamentaux avec des raisins sains, les grains abimés mis sur la touche. La série de temps forts : éraflage (ça peut faire mal), foulage (autrefois jeu au pied), presse (au coeur de la mêlée), macération du moût (à ne pas confondre avec le maul). Le bouchon, loin du plaquage violent, qui va obstruer la première ligne du pack de bouteilles. Les 3 années pour transformer l’essai de la certification en bio. La maîtrise, la fraîcheur et la préservation des jus de l’offensive de l’oxygène, pour pouvoir marquer l’essai, le millésime, du siècle.

Le collectif a du talent


Et puis il y’a les hommes bien sûr, le collectif. Plusieurs ex-rugbymen français sont passés des terrains aux chais avec succès, en retrouvant les valeurs de convivialité, d’esprit d’équipe et d’attachement aux terroirs. Pour n’en citer que certains :


Olivier Dauga, ancien joueur de haut-niveau à Cognac, connu pour ses chemises à fleurs qui illuminent son vestiaire et son entreprise de conseils en vin « Le Faiseur de Vin » à Bordeaux. Issu d’une famille de vignerons, il est consultant pour plusieurs propriétés viticoles avec une approche autour du vin.

Gérard Bertrand, grand joueur et président du club de Narbonne, capitaine du Stade Français en 1992-1994, dont la marque à son nom est devenue le symbole du nouveau Languedoc-Roussillon viticole.


Imanol Harinordoquy, s’est lancé dans l'import de vins, tout juste retraité du Stade Toulousain. L'ex-troisième ligne international et son associé Lionel Osmin, négociant spécialisé dans les vins du Sud-Ouest, ont lancé la structure d’import « Les Passeurs de vins » qui déniche des vins venus d’ailleurs (Espagne, Italie..)


Yannick Jauzion, ancien 3/4 centre du Stade Toulousain, à l'impressionnant palmarès de sélection en équipe de France, s’est associé avec la Maison Bertrand Ravache, négociant en vins à Saint-Emilion, pour créer la cuvée “Aligança” avec la Cave coopérative de Labastide. Un vin de Gaillac à tout petit prix disponible dans les enseignes de grande distribution.


Sébastien Chabal, qu’on ne présente plus, collabore avec les vignerons coopérateur du Cellier des Chartreux dans les Côtes-du-Rhône pour signer « Une petite cuvée au poil » vin rosé, un rouge baptisé « Avec l’Art & la Manière » et un blanc, « Je résiste à tout sauf à la tentation ». Parfait pour étancher les soifs d’une troisième mi-temps.


Faut-il boire de la bière ou du vin devant un match de rugby ?


Chacun fait bien comme il lui plaît, il n’y a pas là lieu de se mettre une pression de Grand Chelem.

La petite mousse permet de se désaltérer pendant l’effort intense de supporters de canapé. Le vin, lui, peut accompagner un met plus délicat comme une erreur d’arbitrage. C’est aussi plus chaleureux en cas de défaite. Mieux vaut « partir sur » un vin rouge souple et fruité qui ne prenne pas le dessus sur le match ou alors carrément « aller sur » un vin puissant et charpenté pour écraser l’adversaire.

Ne pas oublier un verre d’eau minérale à la mi-temps.


A l’heure où je boucle ce post, le match contre le Pays de Galles est scellé.

« Good Game »!

 
 
 

Cette année le Tour de France a eu lieu en septembre, le Concours Mondial de Bruxelles aussi et j’y étais. Pas au Tour de France hein…au concours !

Photo officielle © CMB

Depuis 27 ans, le Concours Mondial de Bruxelles réunit, chaque année, dans une ville différente, des professionnels du vin venus déguster, évaluer, noter, médailler les meilleurs flacons du monde entier.

Un grand rassemblement, auquel j’ai eu la chance de participer du 4 au 6 septembre en République Tchèque au pied levé, toujours prête à la découverte.


Le parc des expositions de Brno transformé en championnat du monde des vins


Hall B du Parc des Expositions de Brno, capitale de la Moravie, vendredi 4 septembre 8h30, 250 dégustateurs rejoignent les tables de leur jury. Cela prend un peu de temps de repérer la sienne parmi les 55 jurys, j’avance émerveillée dans ce vaste pavillon vibrant au son de La Moldau/Vltava du compositeur tchèque Smetana. L’entrée est grandiose !

Le Hall B du Parc des Expositions de Brno transformé en salle de dégustation

A ma table, tout est en place : drapeau cocorico, chevalet porte-nom, trois verres à vins, un verre à eau, crachoir, assiette avec quelques tranchettes de pain et tablette tactile pour remplir les grilles de notation des vins qui vont être dégustés.


Le ballet des jeunes sommeliers de l’École de management hôtelier de Brno peut commencer. Quelques 8 500 bouteilles de vin leurs seront confiées pour le service durant 3 matinées de dégustation.

Merci à Albert, apprenti sommelier de 19 ans qui a servi les vins à notre jury pendant ces 3 jours

Une ambiance Erasmus au sein des jurys

Chaque jury est composé de 5 personnes et les drapeaux de leur pays qui flottent sur chacune des tables ont un petit air de programme Erasmus. Cette année en raison de la pandémie de Covid-19, la plupart des dégustateurs d’Outre-Atlantique ou d’Asie n’ont pas pu se déplacer et les européens sont donc fort représentés.


Les membres de mon jury sont Roberto Zironi, italien, Professeur en oenologie à l’Université d’Udine, Ksenija Matic, croate, sommelière et gérante de la société d'évènementiel Eventlab, Jiri Gajdos, tchèque, responsable des ventes pour les bouchons en verre Vinolok et Wojciech Bosak, polonais, rédacteur et consultant en viticulture. Roberto est le président de notre jury, il porte le pins doré « Concours Mondial de Bruxelles » sur son polo, la reconnaissance de plus de 20 ans de participation au concours. Je suis entre de bonnes mains.


Dans les coulisses aussi, l’ambiance est internationale, les vins qui concourent sont originaires de 46 pays producteurs parmi lesquels bien sûr la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal mais aussi la République Tchèque, mise à l’honneur pour cette édition.

Les dégustations commencent, mon jury est plutôt silencieux, aucun de mes voisins ne prend l’ascendant pour essayer d’influencer les autres ou imposer son goût. Peu de temps pour se divertir de toutes façons pendant cette chevauchée fantastique, les vins nous sont servis toutes les 2 minutes, avec quelques pauses entre les séries.

Ça et là quelques blagues fusent malgré tout :

Sais-tu comment tu peux devenir millionnaire dans le monde du vin ?
Non…
Tu dois commencer en étant milliardaire ! 
Les membres de mon jury : Ksenija Matic 🇭🇷, Sophfresh 🇫🇷, Roberto Zironi 🇮🇹, Jiri Gajdos 🇨🇿 Wojciech Bosak 🇵🇱.

Les règles du jeu des dégustations : tout est calibré

Tous les vins sont anonymisés et chaque jury évalue jusqu’à 50 vins par matinée, en connaissant uniquement la couleur du vin et son millésime. Les vins sont simplement répartis en séries homogènes, par région viticole ou par cépage. Ce n’est pas évident de déguster totalement à l’aveugle et chaque nouvelle série me demande de me laisser aller à la découverte, sans à priori, en acceptant de changer de registre. Le 1er jour était le plus difficile, il a fallu caler ma concentration et gagner en constance. Les deux séries de vins effervescents ne m’ont pas facilité la tâche, je connais moins les bulles et j’ai eu parfois un peu de mal à jouer juste.

La mise en place impeccable de la table de dégustation

La grille de notation des vins reprend l’oeil (limpidité, aspect), le nez (intensité, franchise, qualité), la bouche (intensité, franchise, qualité, persistance) et un jugement global. Le total des notes attribuées à chaque critère définit une note globale sur 100, et, en fonction de la moyenne du jury, trois types de médailles seront octroyées : Argent, Or et Grand Or.

Dans notre jury, nous avons décerné 15 médailles d’Or et 28 médailles d’Argent. La série la plus récompensée a été celle de Bordeaux en appellation Graves.


En cas de défaut de la bouteille servie (oxydation, réduction, goût de bouchon…) il y’a un double qui attend dans les caisses des coulisses du concours pour une deuxième chance.


Chaque fin de matinée se clôture par la liste des vins que nous avons dégustés, le mystère est enfin levé. C’est le moment où l’on échange avec les autres membres de son jury sur les pronostics que l’on a pu faire.


Et puis bien sûr…il y’a les risques du métier. L’enchainement de 40 vins rouges, le deuxième jour, m'a laissé des traces : une coloration des dents et une langue qui auraient pu faire peur à Dracula (heureusement il suffit de filer se brosser les dents et il n’y parait plus) et puis aussi un pull en cachemire blanc plus tout à fait blanc car il arrive, parfois, de rater le trajet de la bouche au crachoir (là c’est plus compliqué, bicarbonate de soude et vinaigre d’alcool n’ont pas réussi à tout nettoyer). Mais ce n’est vraiment pas grand chose au regard de l’expérience extraordinaire que j’ai vécue lors de ce concours !


Retrouvez tous les résultats 2020 sur ce lien avec la liste des vins médaillés que vous pouvez filtrer par récompense, pays, région viticole ou encore appellation : https://concoursmondial.com/fr/resultats/2020/?lang=fr


Et pour un retour en vidéo sur ce évènement c’est sur ce lien-ci, arriverez-vous à me reconnaitre ? :

Les 152 échantillons dégustés par mon jury :


Jour 1 :

8 vins blancs de Roumanie (Chardonnay)

12 crémants du Luxembourg

9 champagnes

10 vins rouges de Bordeaux

10 vins rouges espagnols de Castilla y Léon en appellation Cigales

Jour 2 :

11 vins blancs italiens (Trebbiano)

12 vins rouges italiens des Abruzzes

12 vins rouges portugais du Tejo

6 vins rouges chiliens

10 vins rouges de Bordeaux en appellation Graves


Jour 3 :

8 vins blancs espagnols de Castilla-de-la-Mancha

13 vins blancs espagnols de la Rioja (Viura)

8 vins blancs chiliens (Chardonnay)

12 vins rouges français du Languedoc-Rousillon en appellation Faugères

11 vins rouges italiens du Piémont (Barbera)


 
 
 
  • 19 juil. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juil. 2020

C’est bien connu pour faire du bon vin, il faut du bon raisin, mais où trouver du bon raisin à Bruxelles ?

Gudule Winery Brussels

C’est dans le vaste hangar 37.8 de l’incubateur bruxellois d’entreprises vertes et durables, Greenbizz, que j’ai rendez-vous avec Thierry Lejeune pour découvrir son chai urbain Gudule Winery.


Zéro vigne à l’horizon, mais aussi inattendu que cela puisse paraître, on est bien dans un chai : cuves inox, fûts, transpalette, racks métalliques de stockage, pressoir, table de tri, fouloir/égrappoir...rien ne manque. Il y’a pas mal de brol* et des cagettes jusqu’au plafond.

Une simple table en bois escamotable, lui sert de bureau, de salle de réunion, d’espace de réception, de réfectoire.


Une winery qui bouscule les codes


Déjà deux ans que ce passionné de vin, la jeune cinquantaine et imprimeur dans une autre vie, s’est lancé, en plein coeur de la ville, dans la vinification de raisins importés. « Je fais du vin à Bruxelles, quitte à acheter du raisin autant le vinifier » ironise-t-il.

Voilà ce qui arrive quand on veut faire son vin mais qu’on ne souhaite pas quitter la Belgique pour aller s’installer sur des terres plus viticoles et qu’on a pas non plus envie de créer un vignoble « from scratch » dans son pays.


A l’époque, en 2019, le lancement de la première winery urbaine en Belgique bouscule les codes et ne passe pas inaperçu « C’est pas trop mon genre de fanfaronner mais notre premier article de presse c’était la première page éco du Soir en mars 2019 » explique-t-il.


Des raisins provenant de divers vignobles européens pour des assemblages inédits


Son terrain de jeu s’étend à 1500 km à la ronde, les raisins qu’il importe proviennent de France, d’Autriche, Allemagne et aussi d’Italie. Pas encore d’apport de raisins belges mais c’est prévu, un peu, pour le futur.


Il se fournit en direct auprès de 14 vignerons partenaires, tous avec une certification bio. Sauvignon gris, Petit manseng, Chenin, Clairette et Grenache blanc sont les cépages qui rentrent cette année dans la composition des blancs, Gamay, Carignan, Grenache noir, Mourvèdre, Syrah et Sangiovese pour les rosés et les rouges.


Les vendanges sont uniquement manuelles pour préserver au maximum l’intégrité des baies qui seront acheminées, dans des cagettes de petite capacité, par camion réfrigéré à 4°C.

Une sacrée logistique en période de vinification ; il confie « Si je reçois 10 tonnes le même jour, j’appelle les amis, la famille pour venir me donner un coup de main».

Une fois réceptionnés, les différents cépages sont vinifiés et élevés séparément. L’élevage en barrique et la mise en bouteille sont aussi faits sur place.


Son objectif est de vinifier 45 tonnes de raisins cette année et de produire entre 30 000 et 40 000 bouteilles en 2021.


La question du levurage est assez cocasse. Il plaisante « Mes deux voisins directs sur le site sont brasseurs, l’idée c’est quand même de faire du vin et pas de la gueuze » et rajoute « On a essayé de laisser partir deux cuves l’année passée et ça a marché, sinon on travaille avec des levures les plus neutres possibles ».


Créativité et innovation sont les deux mots qui inspirent ce néo-vigneron urbain, il le revendique « Je fais tout pour éviter de copier/coller ce qui se fait déjà ailleurs ».

Cela donne des vins avec des assemblages inédits que personne n’a encore jamais fait ailleurs, toujours dans la recherche d’équilibre entre les régions et les cépages.


Des noms de cuvées qui rappellent l'identité urbaine des vins


En bon entrepreneur, Thierry Lejeune a su s’entourer, accompagné par Pascal Lenzi, son oenologue conseil français, et une agence de communication pour la partie marketing.

Le graphisme des étiquettes est léché, messages implicites avec leur forme pentagonale qui attire l’oeil dans les rayons et qui rappelle le tracé de la ville de Bruxelles et bien sûr le nom de Gudule, en référence à la Sainte Patronne de la ville.


Chaque nom de cuvée, toutes en bio, sous le label “Vin de la communauté européenne” (pas mal pour un vin élaboré dans la capitale européenne vous me direz) correspond à un moment de consommation et ramène à l’identité urbaine des vins : Après-midi au Parc (rosé), Afterwork en Terrasse (blanc), Retour du Marché (rouge), Soirée à l’Opéra (blanc) et Dîner en Ville (rouge).


Une première gamme propose des vins faciles à boire, souples (la fameuse « buvabilité ») avec des prix entre 12,50€ et 15,50€, une deuxième gamme des vins élégants, raffinés, de gastronomie avec des prix à un peu plus de 20€.


Thierry Lejeune - Wine maker bruxellois pionnier

La qualité au rendez-vous


J’ai eu la chance, lors de ma visite, de tester le résultat des vinifications 2019, en tirant le vin à même le fût et la qualité est au rendez-vous. De jolis vins sur le fruit, à l’aromatique souvent explosive, sans lourdeur.


Où trouver ces vins ?


Distribués très localement en vente directe à 50% (Gudule Winery est ouverte au public le mercredi, le vendredi et le samedi après-midi ou sur rendez-vous) et auprès des restaurateurs et caviste de la région, vous trouverez ces vins notamment chez Basin & Marot et chez Mig’s World Wine à Bruxelles.


Et pour poursuivre ce pari un peu fou, Thierry Lejeune a un projet immobilier en cours pour s’installer dans un véritable local de production qui pourrait aussi, à terme, accueillir un bar à vin, un restaurant, des évènements, bref on est pas loin du vrai complexe oenotouristique !


* petit mot typiquement belge qui signifie le bordel, un désordre sympathique et léger ;)

 
 
 

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